Comment nous représentons-nous notre relation avec Dieu ? La réponse à cette question dépend pour une part de la manière dont nous percevons sa présence. Plus nous percevons la présence de Dieu dans notre environnement, plus notre relation avec Lui mettra en œuvre toute notre personnalité dans notre existence quotidienne. Nous ne vivons pas dans un désert où la relation avec Dieu passerait par la seule instance de notre mental. Au contraire, nous pouvons percevoir la présence de Dieu dans sa création, dans tout ce qui est vivant.

Comme la Bible hébraïque, le Premier Testament l’indique, tout appartient à Dieu. « C’est au Seigneur qu’appartient le monde avec ce qu’il contient, la terre avec ceux qui l’habitent » (Psaume 24.1). La Création nous parle du Créateur. Ainsi nous appelle-t-il à respecter et à aimer son œuvre. Comme l’écrit Jürgen Moltmann, « Ce n’est pas comme le « tout autre », et seulement comme tel, que Dieu est saint, mais en tant qu’il est celui dont l’Esprit remplit l’univers et la vie de tout ce qui est vivant » (p.243)[1]. Cet Esprit est à l’œuvre aujourd’hui comme l’expriment plusieurs images bibliques : celle du fruit, de la source et de la lumière. Elles nous parlent d’une vie abondante qui se développe et se répand. « Le flot des énergies va de Dieu vers les hommes »… « Dieu n’est pas seulement un sujet qui fait face au monde. Il est également la source d’où provient toute vie »… « Par l’Esprit Saint, les forces et les énergies débordantes de Dieu remplissent la terre »… (p. 244).
Apprenons à percevoir, à « laisser venir », à « laisser être » la vie divine en nous. Apprenons à la reconnaître. Tout ne se joue pas seulement au niveau de notre volonté consciente. « L’expression de la vie vient de profondeurs que la conscience n’éclaire pas. Dans toutes les dimensions, il ne s’agit pas de sanctifier une vie non sainte, mais de sanctifier la vie qui est sainte. Apprendre à la voir et à l’aimer telle que Dieu la voit et l’aime : bonne, juste et belle » (p.245).

Jean Hassenforder

[1] Il ne s’agit pas bien entendu d’abolir la distinction fondamentale entre Dieu et le monde (ce qui mènerait au panthéisme), distinction qui reste primordiale pour Moltmann, mais de souligner la présence de Dieu dans le monde. « Le Dieu transcendant le monde et le Dieu immanent au monde sont un seul et même Dieu (Dieu dans la Création, (Cerf, 1988) ‘L’immanence de Dieu dans le monde’, chap. 1, section 6, p. 27-30).

Source
Les citations renvoient au livre de Jürgen Moltmann : L’Esprit qui donne la vie (Cerf, 1999)