La vie contre la mort

La mort est une réalité courante que nous risquons d’accepter comme une fatalité ou même une banalité. Cette attitude se manifeste dans des formes différentes, y compris certains contextes religieux.

Mais si on réfléchit plus avant, la mort est bien l’ennemie qui est dénoncée par la Parole Biblique, et vaincue, dans son principe, par la résurrection de Jésus.

De fait, on peut percevoir la mort comme le terme d’une puissance de destruction facilement identifiable. Dans différents aspects de son œuvre, Jürgen Moltmann nous fait entrer dans cette perspective et il proclame, en Christ, la victoire de la vie sur la mort.

Avec lui, nous pouvons analyser les processus qui mènent à la mort. Cette analyse s’effectue à différents niveaux.

Il est clair qu’à travers l’exploitation, l’oppression et l’aliénation, la puissance destructrice de la mort est particulièrement apparente à l’échelle politique. « Certaines décisions ont des conséquences incalculables pour la vie de millions de gens. Elles rendent la vie difficile et souvent impossible. Chaque jour, les faibles, les pauvres et les malades doivent lutter pour la survie…». Aujourd’hui, on voit aussi combien la protection du vivant est devenue un enjeu majeur.

La puissance destructrice qui mène à la mort se fait sentir également dans la vie sociale à travers le rejet, l’isolement et une solitude croissante.

Dans notre propre existence, nous avons nous même chaque jour à prendre parti chaque jour pour la vie. « Chaque matin, la vie doit être à nouveau affirmée et aimée puisque, aussi bien, elle peut être déniée, refusée ou rejetée ».

« Pour lutter contre la mort et ne pas abandonner, nous avons besoin de croire que la mort peut être vaincue… La résurrection de Christ porte le « oui » de Dieu à la vie et son « Non » à la mort, et suscite nos énergies vitales… Les chrétiens sont des gens qui refusent la mort (« protest people against death »). « L’origine de la foi chrétienne est une fois pour toute la victoire de la vie divine sur la mort : « La mort a été engloutie dans la victoire » (1 Cor 15.54). C’est le cœur de l’Evangile. C’est l’Evangile de la Vie ».

Les écrits de Jürgen Moltmann sur le thème de la vie et de la mort sont nombreux et particulièrement éclairants, une source de bénédiction pour tous ceux qui s’interrogent à ce sujet, et notamment pour ceux qui déplorent le départ d’un être cher (1). Pour alimenter notre méditation, nous nous appuyons ici sur un texte court et percutant (2). Ici Jürgen Moltmann proclame l’engagement chrétien dans le processus de la vie. « Là où Christ est présent, il y a la vie et il y a l’espoir dans la lutte de la vie contre la puissance de la mort…. Dans un amour créatif pour la vie, nous percevons que nous ne sommes pas seulement partie prenante aux énergies naturelles de la vie. Nous expérimentons aussi « les puissances du siècle à venir » (Héb 6.5). « Au commencement, était la Parole… En elle, était la Vie et la Vie était la lumière des hommes (Jean1.4). L’évangile de Jean est marqué par une théologie de la vie ».

Recevons et partageons la déclaration de foi que Jürgen Moltmann nous exprime en ces termes : « Cette théologie de la vie doit être le cœur du message chrétien en ce XXIe siècle. Jésus n’a pas fondé une nouvelle religion. Il a apporté une vie nouvelle dans le monde, et aussi dans le monde moderne. Ce dont nous avons besoin, c’est une lutte partagée pour la vie, la vie aimée et aimante, la vie qui se communique et est partagée, en bref la vie qui vaut d’être vécue dans cet espace vivant et fécond de la terre ».

J.H.

Source

1) Jürgen Moltmann. In the end..the beginning. Fortress Press. 2004.

Jürgen Moltmann. La venue de Dieu. Cerf,1977.

2) Life against death, p. 75-77. Dans : Jürgen Moltmann. Sun of righteousness, arise ! Fortress Press, 2010.

Commentaire

Oui, la mort se fait entendre de près ou de loin. Elle est tapie ou bruyante. L’actualité s’en fait constamment écho. Mais la vie est là aussi dans un puissant mouvement. Elle est une trame constante qui porte l’humanité et soutient notre existence. Notre Dieu, le Créateur, anime la création. Nous nous reposons sur Lui dans notre fragilité. Nous savons que Christ a remporté la victoire sur la mort et qu’Il est à l’œuvre aujourd’hui. Nous nous ouvrons à sa vie qui nous nous anime, nous soutient, nous fortifie. Sa lumière dissipe les ténèbres. Nous avançons dans le courant de sa vie. Nous regardons à la vie et non à la mort. La vie est notre horizon. Nous faisons notre la directive divine : « J’ai mis devant toi la vie et la mort. Choisis la vie » (Deutéronome 30.19)