Conférence sur « les mondes inachevés » à la Candler school of theology (Emory University. Atlanta USA),

La théologie de Jürgen Moltmann est bien reçue dans certaines universités américaines. Et c’est le cas à la « Candler School of Theology » à Atlanta où il a enseigné à de nombreuses reprises. C’est pourquoi, à l’occasion de  ses quatre-vingt dix ans, cette faculté a organisé les 19-20 octobre 2016, une conférence sur un thème choisi en fonction de son orientation de recherche : « Des mondes inachevés » (1).

Stephen Lösel, organisateur de cette conférence, en trace les intentions. « Parce que Dieu vient du futur à notre rencontre, pour pouvons et nous devons nous-mêmes travailler pour le renouveau. C’est l’esprit qui préside à cette conférence sur « les mondes inachevés » : ne pas nous focaliser rétrospectivement sur le passé, mais regarder en avant et nous demander : Où est-ce que ce monde est inachevé ? Où est-ce que les théologiens ont besoin d’élever la voix en faveur du futur de Dieu ? Ou pourraient-ils même avoir besoin d’anticiper cet avenir à travers une imagination théologique créative ?

Dans son intervention introductive intitulée : « une Réforme inachevée », avec une allusion au 500è anniversaire de la Réforme protestante en 2017, Jürgen Moltmann a abordé cinq points majeurs : le passage d’une culture de confrontation à une culture de dialogue ; l’unité de l’Eglise envisagée  comme « la papauté de tous les croyants » ; la note anabaptiste de la séparation entre l’Eglise et l’Etat ; l’importance accordée à une célébration commune du Repas du Seigneur  et l’idée que le renouveau de l’espérance suit le renouveau de la foi.

La seconde journée, dans ses remarques, Jürgen Moltmann a évoqué quelques idées force. Dans la relation entre professeur et étudiant, c’est l’amitié qui devrait prévaloir.  Dans le contexte du débat entre Amérique du Nord et Amérique latine confronté à l’héritage de la colonisation, il perçoit une vitalité de la réflexion théologique. « En Allemagne, nous sommes indifférents ».    Moltmann évoque sa propre théologie comme « un monde inachevé » en ce sens qu’elle est encore en train de grandir, un mouvement en avant dans la vie. Finalement, Moltmann a parlé de l’importance de la vie intérieure avec, en mémoire, ses années de prisonnier de guerre, et à l’esprit aujourd’hui, sa relation avec Kelly Gissendaner, longtemps emprisonnée, puis exécutée en 2015 en Géorgie.  « Comme elle était en train de mourir, elle chanta « Amazing Grace ». Elle était la seule personne libre  dans cette prison. Et si elle a pu être libre, nous aussi pouvons être libre ».

Moltmann a conclu par cette interpellation : « Le péché des puissants est l’arrogance. Sortons de l’arrogance et apprenons l’humilité. Le péché de ceux qui sont sans pouvoir, c’est l’apathie. Sortons de l’apathie et vivons. Le péché de la classe moyenne, c’est l’indifférence. Sortons de l’indifférence et engageons nous dans la lutte pour la vie. Et l’Esprit de Dieu nous  bénira ».

J H

 

  1. Moltmann’s conference brings scholars together to explore « unfinished worlds ». Contact : Laurel Hanna http://candler.emory.edu/news/releases/2016/11/moltmann-conference-recap.html
  2. Video : « Unfinished Worlds.  Jürgen Moltmann at 90 » : https://player.vimeo.com/video/189203093