Etre libre, c’est regarder en avant.
Il y a des situations qui nous paraissent « bouchées ». Les obstacles s’accumulent. C’est l’impasse. Bien plus, parfois la menace se rapproche. Il y a sur nous comme « une épée de Damocles ». On est tenté de dire : « à quoi bon ? » Et pourtant, on peut entendre une petite voix : « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». Mais si la mort est la fin de tout, alors tous les dévouements, tous les courages seraient-ils eux aussi entraînés dans l’abîme ? La fière maxime : « Il n’y a pas besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer » peut accompagner, pour un temps des personnalités fortes et volontaires. Mais ce volontarisme débouche sur un non-sens lorsqu’il est confronté au néant. Personnellement, collectivement, nous avons besoin d’espoir. Il y en nous un désir d’avenir. La foi des chrétiens offre une réponse lorsqu’on peut la présenter comme étant « essentiellement une espérance de résurrection ». Avec Jürgen Moltmann, nous découvrons cette vision.
« L’espérance qui libère, c’est la liberté comme avenir » (p.167). Parce qu’il y a espérance, la liberté a un champ pour s’exercer. Elle peut se manifester et se développer. Elle est source de créativité. A la lumière de l’espérance engendrée par la résurrection, « la liberté est la passion créatrice pour le possible… Elle est référée à l’avenir, à l’avenir du Dieu qui vient… Car l’avenir de Dieu est le royaume sans frontières des possibilités créatrices, tandis que le passé représente le royaume limité de la réalité… L’intelligence devient une imagination productive… » (p.167).
Cette vision peut sembler hardie en regard des représentations chrétiennes traditionnelles en retrait par rapport au monde. « Cette dimension de la liberté qui se réfère à l’avenir a été longtemps négligée, parce qu’on ne comprenait pas la liberté de la foi chrétienne comme participation à l’agir de Dieu… En réalité, la liberté dans la foi est une créativité qui brise les barrières et se déploie dans l’antichambre du possible » (p.168).
« Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Cor. 3.17) ; Cette liberté engendre une dynamique. « L’avenir est plus grand que le passé. La grâce de Dieu est bien plus grande que les péchés des hommes… ». Si, dans la vie actuelle, nous sommes confrontés au négatif, c’est le regard vers le positif qui fonde notre marche en avant. « C’est l’espérance d’un avenir plus grand, qui, dans l’histoire, nous mène vers des expériences toujours nouvelles » (p.168).
Jean Hassenforder
Source :
Jürgen Moltmann. L’Esprit qui donne la vie. Cerf, 1999
Commentaire
Trop souvent le langage religieux nous éloigne de la vie. Mais, avec toi Seigneur, ce n’est pas moins de vie, mais plus de vie. Tu nous donnes de participer à ton agir créateur. Tu nous ouvres un horizon de plus en plus vaste. Nous pouvons ressentir en nous la joie de vivre de penser, d’imaginer, d’inventer. Tu nous appelles à participer à ta création. Nous découvrons ton Esprit à l’œuvre en nous et autour de nous. Tu es un Dieu grand. Tu es un Dieu bon