Jésus a guéri les malades. Il s’est approché de ceux qui étaient rejetés par la société de son époque. Et, dans son chemin de croix, il a éprouvé les pires souffrances que l’homme puisse connaître, pour que nous puissions le sentir solidaire avec nous dans nos souffrance. Jürgen Moltmann nous parle de la passion de Jésus comme d’un mouvement vers les victimes du mal (« His way to the victims of evil »).

L’amour de Jésus s’est porté vers les malades, les victimes de la violence, les « petits », tous ceux qui étaient sans avenir dans la société de son époque. C’était une échelle de valeurs bien différente de celle des puissants qui ont provoqué sa mort. L’amour de Jésus s’est révélé dans son chemin de croix. Son amour actif pour les souffrants est devenu son amour actif avec les souffrants. Nous comprenons ce mouvement comme le don de lui-même, à l’extrême, pour tous ceux qui se sentent abandonnés de Dieu (« Godforsaken »).

L’hymne de louange de Paul dans l’épître aux romains (8.31-39) rend grâce pour l’amour qui se donne dans lequel Jésus et Dieu sont complètement et entièrement un. « Que dirions-nous de plus : si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?… J’ai la certitude que rien ne peut nous séparer de son amour… » A travers son chemin de croix, Jésus apporte l’amour de Dieu à des gens qui sont abattus (« cast down ») comme il l’est lui même. « Sa croix se tient parmi les croix innombrables qui parsèment le parcours sanglant des tyrans et des hommes violents, de Spartacus aux camps de mort de l’Allemagne hitlérienne ». Jésus partage les souffrances de tous ceux qui se sentent abandonnés par Dieu. Il devient leur frère. « Sa croix est la croix d’un frère qui se tient parmi les croix de ce monde, comme un signe, oui comme une révélation, que Dieu lui-même participe à notre souffrance et qu’il est à coté de nous dans notre sentiment d’abandon… En se livrant lui même à une mort associée à un abandon de Dieu, Christ apporte Dieu à ceux qui se sentent abandonnés par Lui. Il devient un frère pour les abandonnés »…. « A travers ses meurtrissures, nous sommes guéris » (Esaïe 53.5 Matthieu 8 .17) Cette guérison porte sur cette maladie qui va à la mort, l’abandon de Dieu qui est aussi appelé péché, dans la mesure où le péché signifie séparation ».

« Pour les êtres humains abandonnés («forsaken »), Jésus est devenu leur compagnon dans la souffrance ». Il est aussi celui qui, dans sa résurrection, leur ouvre une dynamique de vie et d’espérance.

J.H.

Source :

Jürgen Moltmann. In the end.. The beginning. Fortress Press, 2004 . Chapitre : Deliver us from evil. The passion of Jesus : His way to the victims of evil. p. 69-71

Commentaire

Pour autant que la croix ait été associée dans notre vécu religieux à des représentations mortifères et à des pulsions de violence, cette vision du chemin de croix est une vraie lumière. Oui, quel réconfort de penser à toi, Jésus, comme « le compagnon des abandonnés ». « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos » (Matt 11.28). Par tes meurtrissures, nous sommes guéris. Et nous sommes entrainés par toi dans ta résurrection, puissance de vie.